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8. NEUROSCIENCE

Pas de douleur mais toujours du mouvement.

 

Des chercheurs sont sur la piste d’un nouveau type d’anesthésie qui permet de supprimer la douleur sans réduire le patient à la paralysie.

Sortir de chez le dentiste sans sourire de travers à cause de l’anesthésie ou encore accoucher sans douleur mais en gardant le contrôle de ses jambes : c’est la perspective ouverte par des travaux publiés aujourd’hui dans la revue Nature. Des chercheurs américains ont découvert le moyen d’inactiver les neurones sensibles à la douleur sans bloquer l’activité motrice, grâce à la capsaïcine, la molécule qui procure la sensation de chaud lorsque l’on consomme du piment.

L’équipe de Bruce Bean et Clifford Woolf (Harvard Medical School, USA) a testé sur des rats la combinaison de la capsaïcine et d’un dérivé de la lidocaïne -très utilisée pour les anesthésies locales- le QX-314. Les chercheurs ont injecté le cocktail à côté du nerf sciatique des rongeurs, près de leurs pattes arrière. Les rats ont perdu leur sensibilité à la douleur (testée sur des surfaces chaudes) mais ont conservé leur capacité de bouger et de ressentir le toucher, expliquent les chercheurs.

Les produits aujourd’hui utilisés pour l’anesthésie fonctionnent en bloquant le fonctionnement de tous les neurones. Plus précisément ils empêchent les ions sodium de passer à travers les membranes des neurones. L’objectif de Bean et de ses collègues était de trouver le moyen de n’agir que sur les cellules nociceptives, celles qui transmettent au cerveau les sensations de douleur. Ces cellules nerveuses ont un récepteur, le TRPV1, que ne possèdent pas les neurones impliqués dans le mouvement, par exemple.

Le TRPV1 est une sorte de porte située sur la membrane cellulaire qui un récepteur bien connu de la capsaïcine. Cet alcaloïde a la capacité d’ouvrir ce canal, laissant le QX-314 entrer dans les neurones et les mettre hors de service. Les chercheurs ont choisi le QX-314 car il ne peut franchir seul la membrane cellulaire : il reste dehors tant que quelqu’un ne lui a pas ouvert le passage. En l’occurrence, cela évite de désactiver d’autres neurones qui ne sont pas impliqués dans la perception de la douleur.

Avant d’essayer ce nouveau mode d’anesthésie chez l’humain, les chercheurs doivent s’assurer qu’il ne provoque pas de sensation de brûlure, même courte, avant que le dérivé de lidocaïne agisse. En effet, le TRPV1 est un récepteur sensible à la chaleur et lorsque la capsaïcine se lie avec lui le cerveau comprend que ça chauffe (trop). Bean et ses collègues doivent aussi trouver le moyen de prolonger l’action du produit, qui ne dure pour l'instant que deux heures. Ils ont bon espoir. Un jour peut-être le patient pourra sortir de chez le dentiste sans avoir à cacher la paralysie partielle de sa bouche.

Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(04/10/07)

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