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NEUROSCIENCES : RECHERCHES

 
 

28. NEUROSCIENCES

Double greffe des mains: la gauche se reconnecte plus vite

NOUVELOBS.COM | 07.04.2009 | 17:47

Une étude menée sur deux patients greffés des deux mains montre comment le cerveau s’adapte à ces nouveaux membres et suggère que les deux côtés ne sont pas égaux…

 

Grâce à sa fascinante plasticité, le cerveau humain est capable de s’adapter à la greffe de nouveaux membres, même lorsqu’ils sont transplantés plusieurs années après l’amputation. C’est ainsi que ceux qui ont été greffés des deux mains parviennent à se servir de ces nouveaux membres. Curieusement, la récupération ne se passerait pas de la même façon pour les deux côtés, d’après une étude menée par des chercheurs français sur deux hommes greffés des mains. Bien qu’étant tous deux droitiers, l’usage de leur main gauche a progressé plus vite.

L’équipe d’Angela Sirigu, du Centre de Neuroscience Cognitive de Bron (CNRS), et leurs collègues de l’hôpital Edouard-Henriot de Lyon, ont utilisé la stimulation magnétique transcrânienne pour mieux comprendre comment les circuits neuronaux s’étaient réorganisés après la greffe. Pour cela ils ont placé des électrodes sur le crâne de deux hommes, âgés de 20 et de 42 ans, qui ont été greffé des deux mains 3 à 4 ans après l’amputation.

Ce qui intéresse les chercheurs se passe dans le cortex sensorimoteur, la zone qui contrôle les sensations et les mouvements et où s’inscrit le plan de notre corps. Après une amputation, le plan est redessiné : ainsi, les parties de ce cortex qui contrôlent les muscles des mains sont en quelque sorte colonisées par les régions avoisinantes qui contrôlent les muscles du visage et des bras.

Cette réorganisation est elle-même réversible, comme l’ont déjà montré de précédentes études. L’équipe de Sirigu avait ainsi étudié le cas de Denis Chatelier, le premier greffé des deux mains, à l’aide de l’IRM fonctionnelle. Allant plus loin, ces chercheurs ont stimulé précisément les neurones impliqués dans le contrôle des mains et ont pu vérifier que les muscles répondaient à ces commandes. « Nous avons la preuve directe que les muscles du donneur sont intégrés dans le cerveau du receveur » précise Angela Sirigu.

Chez les deux sujets, droitiers à l’origine, les connexions se sont plus vite rétablies pour la main gauche que pour la main droite. Pour le plus jeune, il a fallu 10 mois pour bien utiliser sa main gauche et 26 mois pour la droite. Pour l’autre patient, il a fallu 51 mois pour la gauche, tandis que la main droite est toujours moins habile.

Comment expliquer un tel phénomène? L’échantillon est trop petit pour conclure. Cependant les chercheurs supposent que l’utilisation d’une prothèse pour remplacer la main droite a réduit la réorganisation cérébrale pour cette partie-là du cortex. «Nous avons observé qu’avant la greffe les neurones contrôlant le biceps et le triceps occupaient un très grand territoire cortical pour le côté gauche mais pas pour le côté droit», explique Angela Sirigu. Après la greffe, biceps et triceps rendent les territoires ‘colonisés’ pour laisser de la place à la nouvelle main. La ‘colonisation’ étant moins importante du côté où il y a une prothèse, la plasticité serait également réduite.

Hasard des calendriers, ces travaux sont publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences au lendemain de l’annonce d’une opération inédite : la triple greffe du visage et des deux mains à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil.

Cécile Dumas

Sciences-et-Avenir.com
07/04/09

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