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NEUROSCIENCES : RECHERCHES

 
 

19. SCIENCES HUMAINES

L'hypnose, implique-t-elle une perte de la volonté ?

Presse Sorbonne Nouvelle
Sciences humaines

Observer un cerveau fonctionnant sous hypnose permet de distinguer un type de mouvement à la fois conscient et involontaire.
Fermez les yeux et pensez que vous mangez un citron. Vos glandes salivaires s'affolent à la seule évocation précise du citron. De même, nos doigts se rétractent à la simple idée d'un coup de marteau. La différence, c'est que vous êtes conscient qu'il s'agit d'une fiction. Sous hypnose, il se passe quelque chose en plus pour que la conscience soit trompée.

Une expérience extrêmement intéressante permet de commencer à comprendre où se joue cette modification. L'un des effets classiques testés en séance d'hypnose consiste à dire au sujet que son bras est léger, de plus en plus léger, si léger qu'il va se soulever tout seul. Chaque fois que le sujet répond à cette suggestion, le sceptique dira qu'il simule. Le sujet, lui, prétend que son bras s'est levé tout seul. Or, à moins de croire au Saint-Esprit, il est bien évident que seuls les muscles du bras peuvent avoir provoqué ce mouvement.

Le cas semblait donc inextricable, jusqu'à ce que l'on observe par TEP (tomographie par émission de positrons), dans une étude de Sarah-Jayne Blakemore, que le cortex moteur est actif (les muscles fonctionnent effectivement), alors que dans la zone liée à la conscience du mouvement (cortex pariétal), il ne se passe rien juste avant le mouvement, puis une activation brutale a lieu juste après. Ce profil d'activité est identique à celui qui se produit lorsque le bras est mis en mouvement par un agent extérieur (quelqu'un vous soulève le bras sans prévenir) : calme plat suivi d'un effet de surprise. Dans un mouvement volontaire, au contraire, l'activation a lieu juste avant le mouvement et s'éteint après.

Voilà qui éclaire l'un des aspects les plus polémiques de l'hypnose, à savoir la perte de volonté ou d'intentionnalité qu'elle entraîne. Un comportement peut parfaitement être généré de manière volontaire, selon des circuits identiques au mouvement volontaire, et pourtant être ressenti comme involontaire, parce que les mécanismes de la prise de conscience ont été modifiés.

 

L'hypnose, source d'inspiration artistique

Matt Mullican est un artiste américain qui utilise divers supports d'expression (vidéo, performance, installation, photographie, peinture, logiciels...) pour explorer les relations entre perception et réalité. Depuis les années 1970, l'hypnose est un moyen privilégié lui servant à modifier son rapport à la réalité. Il explique qu'il se place dans un autre niveau de perception et de connaissance du monde, ou encore qu'il laisse exister une « autre personne ». Ses œuvres réalisées sous hypnose nous montrent ce que cette « autre personne » trouve intéressant : l'intérieur d'un grille-pain ou d'une bouilloire par exemple... et nous invite par là à un regard totalement différent sur le monde que nous croyons connaître. Son comportement apparemment irrationnel nous invite à questionner la banalité. « Le travail sous hypnose isole une expérience de son contexte, il distingue l'expérience de sentir quelque chose du contexte de cette sensation et crée une architecture émotionnelle. »

Élisa Brune
Journaliste scientifique, auteure notamment de De la transe à l'hypnose. Récit de voyage en terrain glissant, éd. Bernard Gilson, 2006.

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