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Dépression : Un témoignage

 

Nom: Emyssalie
Titre: « Travail Personnel»

Sujet: « Dépression » (Assurance de Soi - Incertitudes).

 

Témoignage : …Me voici, assise là comme depuis tant de fois face à ce canapé orange sur lequel mon regard se pose lorsque je ne sais plus quoi dire. Il est l'élément essentiel de cette pièce, celui que je n'oublie pas car il m'aide à échapper aux yeux de l'autre. Ces yeux qui m'interrogent, qui attendent de moi des mots, des mots qui parlent de moi.

C'est si difficile même après quelques années ; plus difficile encore qu'à mes premiers pas dans ce lieu. J'ai l'impression d'avoir déjà tout dit de ma vie, de mon mal-être, de mes angoisses, de ce mal qui me ronge et m'empêche de vivre pleinement, de vivre tout simplement. Si compliqué de parler de soi, de mettre des mots sur des maux, d'étaler son existence défaite, son existence mal faite. Si compliqué de se mettre à nu, de sortir de soi et devenir spectatrice de sa propre vie.

Aujourd'hui, être tout naturellement me semble une chose irréalisable. Impression constante de ne pas être moi, de ne pas me faire voir telle que je suis réellement. Envie irrépressible d'être, de devenir un autre moi. Mais il faut faire avec, il me faut composer avec ce que je suis et qui je suis. Je le sais. C'est pourquoi je suis là, face à ce canapé orange, enveloppée dans des effluves de lavande, quelque peu statufiée dans ce fauteuil pourtant confortable.

Je ne suis, c'est vrai, à l'aise nulle part dorénavant ; souvent tendue, toujours crispée. Mes gestes sont incertains, mon pas hésitant. Mes propos sont souvent confus, mon regard toujours fuyant. Mon écriture est défaillante, mes idées pas très claires.

Mon avenir me paraît obscur car mon présent me fait défaut. Pour ça, il me faut faire un travail sur moi, chercher au plus profond de moi. C'est la raison pour laquelle je suis devant ce canapé orange que je scrute dès que les mots me manquent.

…Ecrire m'est plus facile, je m'en rends compte. Les mots noircissent ma feuille mais tendent à éclaircir mon esprit. Pour cela, je continue mon récit. Douloureux de faire resurgir le passé mais il faut bien y arriver. Je suis assise là et retrace mon parcours.

Ma naissance et ce lourd secret. La vérité si bien camouflée mais je dois comprendre ce qui m'est arrivé. C'est le jour de la rentrée des classes, j'ai 9 ans. Je suis assise comme à mon habitude devant le pupitre. J'ai 9 ans et j'aime à être vue de la maîtresse. Elle distribue les fiches signalétiques. Moment que j'appréhende tant et qui gâche un peu cette journée tant attendue.

Je me dois d'inscrire quelque chose sur les pointillés. Mon nom tout d'abord, puis nom du père, nom de la mère. Et là comme à chaque fois, je panique, j'ai du mal, j'hésite. J e regarde à droite, je regarde à gauche. Pourquoi les autres remplissent-ils leurs fiches avec autant de facilité ? Nette impression d'être différente ! Je tente d'écrire fébrilement ; je ne sais plus ce que j'ai écrit ce jour-là. Ai-je écrit les trois noms d différents ? Ai-je fraudé ? Je n'ai pas de souvenir. Ce que je sais c'est qu'il me fallait plus de temps que mes camarades qui eux remplissaient leur feuille sans hésitation. Mais ce n'et pas tout. On demandait l'âge des parents et je n'osais y mettre celui des miens. Malgré mon jeune âge, je me rendais bien compte que les autres parents n'étaient pas de la même génération. Je ne regrettais d'ailleurs pas de partir seule à l'école chaque matin. C'était quelque chose que je voulais taire. Je voulais garder cela secrètement en moi et porter, dissimulé au plus profond de mon esprit. C'étais un poids énorme pour la petite fille que j'étais.

Je vivais renfermé sur moi-même et me concentrais le plus possible sur ma scolarité. Il me fallait à tous prix être la meilleure. Il me fallait une reconnaissance que je recherchais en m'appliquant du mieux que je le pouvais. Mon travail acharné était du reste payant puisque je rapportais toujours de très bonnes notes et les appréciations étaient tout ce qu'il y avait de plus élogieux. Sorte de revanche sur ce que je devais porter, ces non-dits, ces difficultés à accepter certaines choses qui généraient déjà tant d'inquiétudes chez moi. Tant de mystère derrière ces trois noms ! Je n'avais pas de réponse aux questions que je me posais silencieusement. Jamais je n'aurais osé questionner ma mère. Et jamais celle-ci n'est venue à mon secours ; je ne laissait sûrement rien paraître de mes angoisses. C'était une chose établie. Je ne pense pas qu'elle ait pu se douter un jour qu'autant d'interrogations me tourmentaient. A ses yeux j'étais une petite fille sans soucis et pourtant... Le soir, après l'école il était d'usage que je passe chez mon père. Oui, il ne vivais pas avec nous. Pourquoi ? Encore une question dont je n'avais pas la réponse. Je ne faisais que passer, il m'offrait un gâteau et je repartais.

… Je ne me souviens plus si nous échangions. J'aimais m'y arrêter et être près de lui dans ces brefs moments. Moments privilégiés pendant lesquels nous pouvions profiter l'un de l'autre de notre présence seulement. Je n'étais pourtant pas sûre qu'il soir mon père. On ne me l'avait jamais clairement dit. Et il régnait chez moi une confusion quant à sa réelle paternité. Pour comprendre, il faut remonter quelques temps en arrière. Je ne suis pas encore là.

…Ma mère vit avec son mari ainsi que mes frères et sœurs. Ils louent une petite maison au creux d'une petite vallée, maison qui appartient à celui qui sera mon père quelques années plus tard. Ils vivent péniblement et ont du mal à payer leur loyer. Ma mère et le propriétaire de la maison vont tomber amoureux l'un de l'autre et de cet amour je naîtrai peu de temps après. Tout cela dans le silence et les non-dits. Je nais sous le nom du mari de maman. Il ne saura pas. Ma mère passera sous silence sa liaison avec mon père et continuera de vivre auprès de cet homme jusqu'à la naissance de mon frère.

… J'ai donc vécu les deux premières années de ma vie avec un homme qui pensait être mon père. Il ne saura la vérité que plus tard. C'est à ce moment là que ma mère avouera son adultère. Je n'ai jamais su et ne saurai sûrement jamais ce qu'a ressenti cet homme en découvrant la vérité. Il m'a élevée comme sa fille durant deux années. Quelles ont été pour lui les conséquences de cette révélation ? Nous nous sommes vus fréquemment après, lors de visites de mes frères et sœurs chez lui. J'y allais volontiers contrairement à mon petit frère. J'éprouvais quand même une certaine appréhension à son égard. Comment allait-il prendre ma venue ? Bien assurément à chaque fois. C'est pourquoi il n'a jamais été clair pour moi d'identifier lequel de ces deux hommes était mon "vrai" père. Confusion totale !!! Les deux m'acceptaient. J'avais vécu deux années auprès de l'un d'eux. Et l'autre ne vivait pas sous notre toit. Incohérence absolue ! Qui m'aimait, qui ne m'aimait pas ? Pour moi, c'était ça ! Un seul pouvait m'aimer. Je ne savais lequel des deux. Au fond de moi régnait toujours le doute.

…Dans ce sombre labyrinthe comment pouvais-je m'y retrouver ? Je faisais de mon mieux pour plaire à tout le monde. Je ne supportais pas l'idée de ne pas être aimée. Dans cet imbroglio où était ma place ? Je ne m'y retrouvais pas. Il eut fallu des mots pour que ma place soit définie au sein de cette famille. Mais les mots ne venaient pas, ne sont jamais venus tout du moins de la part de ceux qui auraient dû. Le désordre familial perturbait mon existence. Je ne me sentais jamais à ma place. Mais où était-elle cette place ? Est-ce que mon mal-être d'aujourd'hui est la conséquence du chaos autour de ma venue au monde ? Je le crois.

…Il m'arrive, dans certaines situations de ressentir les mêmes tourments. Cette volonté à vouloir toujours me surpasser, à réussir ce que j'entreprends et à considérer comme un échec ce que je ne réussis pas. Cette envie aussi de ne jamais déplaire et d'être estimée de tous les gens que je rencontre. Je hais l'idée de pouvoir être détestée et de ne pas être appréciée. Les difficultés que j'ai maintenant à m'exprimer, le peu d'estime de moi sont des conséquences liées à mes premiers pas dans la vie. J'en suis sûre à présent !!! Il me faut prendre de l'assurance, trouver confiance en moi. Mais comment ?

 

Emyssalie

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