186. NEUROSCIENCES & PSYCHOLOGIE
Notre Cortex Préfrontal : une nouvelle répartition des tâches et prise de décision
Résumé : L’étude révèle comment des tâches spécifiques sont distribuées à différentes zones du cortex préfrontal pour aider aux processus de prise de décision.
Source: : Institut du cerveau de Paris
L’équipe « Motivation, Cerveau et Comportement », co-dirigée par Mathias Pessiglione (Inserm) au Paris Brain Institute, propose dans une étude publiée dans le Journal of Neuroscience une nouvelle approche pour comprendre comment notre cortex préfrontal prend des décisions. Prise de décision : coûts et avantagesche pour comprendre comment notre cortex préfrontal prend des décisions.
Prise de décision : coûts et avantages
La prise de décision repose sur un équilibre délicat entre les coûts et les avantages. En d’autres termes, face à plusieurs options, nous devons identifier celle qui apportera la plus grande récompense avec le moins d’effort. Lorsque nous sommes confrontés à cette situation, qui est presque tout le temps dans nos vies, une série d’opérations ont lieu dans notre cerveau pour évaluer les différentes possibilités qui nous sont présentées et choisir la meilleure.
« Si le rôle du cortex préfrontal dans l’évaluation de l’effort et de la récompense est bien accepté, le rôle fonctionnel de chaque sous-région est sujet à débat, car les résultats obtenus dans différentes études sont contradictoires », explique Nicolas Clairis, premier auteur de l’étude, actuellement post-doctorant à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL, Suisse).
Délibération et confiance en ses propres choix
Pour tenter de répondre à cette question, l’équipe de Mathias Pessiglione au Paris Brain Institute a adopté une autre approche, afin de clarifier la répartition des rôles dans le cortex préfrontal. Pour ce faire, ils ont pris en compte la partie métacognitive de la décision, c’est-à-dire les coûts et les avantages de la délibération elle-même (passer du temps à réfléchir pour avoir plus confiance en sa décision).
Ainsi, dans une décision telle que « Est-ce que je continue jusqu’au col pour avoir la vue sur l’autre vallée ? », il faut évaluer non seulement l’option envisagée, c’est-à-dire l’effort à faire (il faut grimper jusqu’à l’éboulis et cela semble difficile) et la récompense à venir (on m’a dit que la vue est vraiment agréable de là-haut), mais aussi la confiance dans le choix envisagé (ai-je raison de vouloir continuer ?) et le temps de délibération (dois-je y réfléchir davantage ?)
Les chercheurs ont présenté à 39 participants plusieurs tâches de préférence allant des évaluations - aimez-vous cette option un peu, beaucoup ou pas du tout? – ainsi que les décisions binaires – préférez-vous l’option A ou B? Êtes-vous prêt à faire autant d’efforts pour autant de récompenses? Ces tests ont été combinés à l’imagerie fonctionnelle (IRMf).
Une nouvelle répartition des tâches dans notre cortex préfrontal
Leurs résultats confirment le rôle du cortex préfrontal ventromédian (vmPFC) dans l’attribution d’une valeur aux différentes options présentées lors d’un choix. Ainsi, l’activité de cette région augmente en fonction de la valeur de la récompense promise et diminue en fonction du coût de l’effort requis pour l’obtenir.
Leurs résultats confirment le rôle du cortex préfrontal ventromédian (vmPFC) dans l’attribution d’une valeur aux différentes options présentées lors d’un choix. L’image est dans le domaine public
Les régions plus dorsales du cortex préfrontal sont davantage associées aux variables métacognitives proposées par l’équipe du Paris Brain Institute.
La confiance en ses propres choix est représentée dans l’activité du cortex préfrontal médian (mPFC), tandis que le temps de délibération se reflète activement dans le cortex préfrontal dorsomédial (dmPFC).
« Nous confirmons ici l’intérêt de distinguer les variables qui déterminent la décision (effort et récompense) et celles qui déterminent la méta-décision (quand arrêter son choix) dans la compréhension de l’architecture fonctionnelle du cortex préfrontal.
« L’avantage du nouveau cadre conceptuel est qu’il peut facilement être généralisé à d’autres types de comportement que les choix. Par exemple, pour porter un jugement, il y a aussi un compromis métacognitif entre confiance et délibération : il faut avoir confiance en son jugement, et en même temps on ne peut pas prendre un temps infini avant d’arrêter son jugement », conclut Mathias Pessiglione, chef d’équipe au Paris Brain Institute et dernier auteur de l’étude.
À propos de cette nouvelle de recherche en neurosciences
Auteur: Nicolas Brard
Source: Institut du cerveau de Paris
Contact: Nicolas Brard – Paris Brain Institute
Image: L’image est dans le domaine public
Recherche originale : Accès fermé.
" Valeur, confiance, délibération : une partition fonctionnelle du cortex préfrontal médian démontrée à travers les tâches d’évaluation et de choix « par Mathias Pessiglione et al. Journal of Neuroscience
Abstrait
Valeur, confiance, délibération : une partition fonctionnelle du cortex préfrontal médian démontrée à travers les tâches d’évaluation et de choix
Décider des plans d’action implique de minimiser les coûts et de maximiser les avantages. Des études en neurosciences décisionnelles ont impliqué à la fois le cortex préfrontal médian ventral et dorsal (vmPFC et dmPFC) dans la signalisation de la valeur de l’objectif et du coût de l’action, mais le rôle fonctionnel précis de ces régions est encore un sujet de débat.
Ici, nous suggérons une partition fonctionnelle plus générale qui s’applique non seulement aux décisions, mais aussi aux jugements sur la valeur de l’objectif (récompense attendue) et le coût de l’action (effort attendu). Dans ce cadre conceptuel, les représentations cognitives liées aux options (valeur de récompense et coût de l’effort) sont dissociées des représentations métacognitives (confiance et délibération) liées à la résolution de la tâche (porter un jugement ou faire un choix).
Nous avons utilisé une approche originale visant à identifier les cohérences entre plusieurs tâches de préférence, des évaluations de sympathie aux décisions binaires impliquant à la fois l’intégration d’attributs et la comparaison d’options. Les résultats de l’IRMf chez les participants humains, hommes et femmes, ont confirmé le vmPFC en tant que système d’évaluation générique, son activité augmentant avec la valeur de la récompense et diminuant avec le coût de l’effort.
En revanche, les régions plus dorsales ne se préoccupaient pas de l’évaluation des options, mais des variables métacognitives, la confiance se reflétant dans l’activité mPFC et le temps de délibération dans l’activité dmPFC.
Ainsi, il y avait une dissociation entre l’effort attaché aux options de choix (représenté dans le vmPFC) et l’effort investi dans la délibération (représenté dans le dmPFC), ce dernier étant exprimé en dilatation pupille.
Plus généralement, l’évaluation des points communs entre les tâches de préférence pourrait aider à atteindre une vue unifiée des mécanismes neuronaux sous-jacents aux compromis coûts/avantages qui sous-tendent le comportement humain.
Aout 2022